Avril 2024
L'eau chaude sanitaire (ECS) représente une part importante des charges d'une copropriété. Face à l'augmentation du prix des énergies fossiles et aux enjeux environnementaux, l'installation d'un système d'eau chaude solaire collective s'avère être une solution pertinente pour réduire les consommations et les émissions de CO2.
Installation solaire collective déployée sur le toit d’un immeuble sans gêne pour les voisins
Une installation d'ECS solaire collective en copropriété fonctionne en captant l'énergie du soleil pour chauffer l'eau d'une copropriété. Ce système performant et novateur se substitue aux installations collectives traditionnelles pouvant employer des énergies fossiles comme le fioul ou bien des énergies telles que le gaz qui ont un fort impact écologique.
Le fonctionnement d’une installation d’ECS solaire collective est assez simple et repose sur 4 points clés :
Schéma de principe biénergie pour une copropriété, avec solaire pour ECS et soutien chauffage
L'eau chaude solaire collective présente une série d'avantages tant sur le plan environnemental que financier au sein d'une copropriété.
Tout d'abord, sur le plan écologique, l'utilisation de l'énergie solaire permet de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.
En remplaçant les systèmes de production d'eau chaude traditionnels, souvent basés sur l'utilisation de combustibles fossiles, par une source d'EnR, les copropriétés peuvent diminuer leur empreinte carbone et adopter un mode de vie plus durable.
Cet effort portera également ses fruits concernant le classement énergétique de la copropriété sur le DPE permettant ainsi de valoriser les biens.
Par ailleurs, sur le plan financier, l'eau chaude solaire collective offre des bénéfices significatifs à long terme. En réduisant la dépendance aux énergies conventionnelles, les copropriétaires peuvent réaliser des économies importantes sur leurs factures d'énergie, amortissant ainsi progressivement le coût initial de l'installation solaire.
De plus, plusieurs aides financières peuvent être mobilisées pour réduire le coût d'installation comme :
• MaPrimeRénov' Copropriétés
• Les CEE (Certificats d'Economies d'Energie)
• La TVA à taux réduit à 5,5 %
• L’éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ)
• Une exonération temporaire de la taxe foncière
La première étape consiste à réaliser une étude de faisabilité pour déterminer le potentiel solaire du bâtiment et l'adéquation d'une installation d'ECS solaire collective. Un BET (bureau d’étude thermique) est alors mobilisé sur site afin de mener une étude approfondie.
Cette étude prend en compte plusieurs éléments :
• L'orientation et l'inclinaison du toit
• L'ensoleillement annuel
• La présence d'obstacles (arbres, bâtiments)
• Les besoins en eau chaude sanitaire de la copropriété
L’étude permettra de mettre en exergue le dimensionnement et le choix du système solaire pour l'eau chaude collective adapté à la copropriété. En général, on estime que 1 à 2 m² de panneaux solaires par logement sont suffisants pour assurer une production adéquate.
Ensuite, le choix du type d'installation solaire dépend des besoins spécifiques de la copropriété et de ses capacités de production. Trois configurations principales se dégagent souvent :
• Le chauffe-eau solaire collectif (CESC) offre une solution commune et simple où l'eau est préparée et stockée dans un local chaufferie centralisé avant d'être redistribuée dans les logements dès qu'un point de distribution est ouvert.
• Le chauffe-eau solaire collectif à appoint individualisé (CESCAI) distribue l'eau chaude solaire de manière collective, mais les besoins supplémentaires sont couverts par des systèmes de production classiques individuels, situés dans chaque appartement.
• Troisièmement, le chauffe-eau solaire collectif individualisé (CESCI) prévoit que chaque copropriétaire dispose d'un ballon de stockage recevant directement l'eau chaude solaire, sans stockage collectif. Dans cette configuration, seuls les panneaux solaires sont utilisés de manière collective.
Enfin, après l’étude permettant de savoir quelle installation est compatible avec la configuration de la copropriété, il est nécessaire de présenter le projet chiffré et étayé de l’étude en assemblée générale. En effet, un changement de système de chauffage collectif concerne l’ensemble des copropriétaires. La décision est alors collective.
Ces travaux sont des travaux d’amélioration de l’habitat et sont donc soumis à un vote selon l’article 25 et donc, selon la règle de la majorité absolue.
L'installation d'un système d'ECS solaire collective nécessite également l'obtention d’autres autorisations comme :
• Une autorisation d'urbanisme via une déclaration préalable de travaux. Les panneaux installés modifient en effet l’aspect extérieur.
• Si le bâtiment est classé, un dossier doit être remis aux Architectes des Bâtiments de France.
Capteurs solaires à tubes sous vide, solution solaire ayant le plus grand rendement. Visuel Viessmann
L'installation d'un système d'ECS solaire collective en copropriété représente un investissement initial important. Il est courant de dire qu’il faudra compter entre 1 500 et 2 000 € par logement. Une grande copropriété demandera alors un investissement très important nécessitant généralement de mobiliser le fonds travaux capitalisé par les copropriétaires par le biais des charges mensuelles. Il est donc important de bien analyser la rentabilité du projet avant de se lancer.
La rentabilité du projet dépendra alors de plusieurs facteurs :
• Le coût d'installation
• Les aides financières disponibles
• Les économies d'énergie réalisées
• La durée de vie du système
Ensuite, un système d'ECS solaire collective nécessite un entretien régulier pour garantir son bon fonctionnement et sa durabilité. Il est important de prévoir un budget pour la maintenance et l'entretien du système.
Sur le plan esthétique, l'installation de capteurs solaires sur le toit peut avoir un impact visuel sur le bâtiment. Il est important de choisir des capteurs qui s'intègrent harmonieusement à l'architecture du bâtiment.
Enfin, la production d'eau chaude sanitaire par l'énergie solaire est dépendante des conditions météorologiques. En cas de faible ensoleillement, la production d'eau chaude sanitaire peut être réduite.
Lectures recommandées
Aides financières 2022 au changement de chaudières
Pour en savoir plus
Changer sa chaudière, les choix conseillés
Véronique Bertrand a exercé pendant de nombreuses années son métier d'ingénieur spécialisé en installations thermiques à travers le monde. Depuis son retour en France elle met à disposition sa grande expérience en apportant un regard pragmatique et des solutions simples à des problèmes complexes d'optimisation énergétique.
A lire également
